Le 17 mai 2006, le FC Barcelone remportait la ligue des champions, un match qui plaçait le Barça de Rijkaard au firmament du foot mondiale et qui venait concrétiser une saison exceptionnelle (2005/06) où le Barça soulevait la Liga et la C1 en proposant le jeu le plus attractif en Europe. Pour vous, nous revenons sur cette saison historique.
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La pré-saison
A l’été 2005, le Barça est tout fraichement champion d’Espagne, une énorme satisfaction en catalogne à l’époque, sachant que c’est le 1er titre en Liga au 21ème siècle, en C1, le parcours s’est malheureusement arrêté en 8ème de finale, contre le Chelsea de Mourinho, sur un but plus que litigieux. L’objectif de la nouvelle saison est donc clair, confirmer la domination en Espagne et conquérir l’Europe. L’été ne sera pas mouvementé, seul Van Bommel rejoindra libre la Catalogne. Le Club ayant investi massivement l’été d’avant (Eto’o, Deco, Giuly, Belletti, Sylvinho, Edmilson…)
Un autre évènement va tout de même animer l’été du club, l’avenir d’un certain Lionel Messi, le jeune masian se retrouve bloqué, car le club n’a pas fait la demande de naturalisation, limité à trois joueurs extra-communautaire (Ronnie, Eto’o et Marquez), il voit les portes de l’équipe A se refermer sur lui pour cette nouvelle saison. La famille du joueur furieux, la Juventus et l’Inter étant à l’affut pour récupérer le joueur, le club explore divers solutions, un prêt à l’Espanyol est même envisager par certains membres du board. Au final, le club décidera de conserver Leo, de faire accélérer la demande de naturalisation en jouant sur les relations.
Le Début de Saison
Le début de saison du Barça est rythmé par le feuilleton Messi, naturalisé le 26 septembre, des clubs de Liga comme le Deportivo La Corogne ou Alaves déposent des recours en justice car ils estiment que le joueurs a été requalifié hors délais (après le 31 août). S’en suivra une vraie bataille juridique et le 14 novembre la fédération espagnole reconnaitra la double nationalité de Leo. Sportivement le début de saison a aussi été chamboulé, après des premiers matchs difficiles et des points perdues, le Barça s’est remis sur les rails et est revenu dans la course à la tête du championnat.
Valdes tient évidemment les cages, la défense centrale est composé de Puyol et de Marquez, sur les cotés, Gio VB, Belletti, Oleguer, et Sylvinho partagent le temps de jeu, au milieu Xavi et Deco sont les relayeurs, comme la saisons d’avant, en regista, Edmilson, enfin, sur la ligne d’attaque, Giuly accompagnent Ronnie et Eto’o, mais le jeune Messi va rapidement s’imposer comme titulaire!
Le 19 novembre 2005, Clasico au Bernabeu, et duel pour la tête de la Liga, c’est bien Messi qui est préféré à Giuly dans le onze de départ et Il fera un match étincelant. Il va bonifier chaque ballon qu’il va toucher et créer du danger sur le but de Casillas, seule la qualité de finition lui manque pour ouvrir les cages, ce match est un avant goût, un amuse bouche de ce que va faire Messi au Bernabeu les 15 années suivantes. Le match sera bien évidemment marqué par la presta XXL de Ronnie, auteur d’un doublé splendide qui reçu une standing ovation du Bernabeu, historique !
Il a tout gagné, Ballon d'Or, Coupe du monde, Ligue des champions… Mais le plus grand moment de la carrière de Ronnie, c'est sans doute le jour où il a été ovationné par Bernabéu #Ronaldinho pic.twitter.com/Cp7WMnbCrj
— Yohan Roblin (@yohanroblin) January 17, 2018
La domination du Barça en Espagne est confirmé, le flambeau est passé, le contraste entre le Barça flamboyant et les galactiques en fin de cycle, en manque d’idée, est criant ! Quelques semaines plus tard, en décembre, coup dur pour le Barça, Xavi va se blesse au genou, sa saison est terminée, Rijkaard perd un élément clef de son système, Xavi était incontournable jusqu’ici, et avait fini meilleur milieu de terrain de Liga la saison d’avant. Rijkaard fait tourner et essaie divers solutions, Thiago Motta et Van Bommel gagne en temps de jeu, mais celui qui sera installé le plus souvent à la place de Xavi en 2ème partie de saison, c’est le jeune Andres Iniesta. Il avait eu un temps de jeu conséquent la saison d’avant, mais sur la ligne d’attaque, où il avait souvent été utilisé par Rijkaard. Cette saison il sera installé comme CM et va rapidement confirmer!
Road to Paris
La Liga étant maitrisé, l’objectif du Barça se tourne donc vers la C1 pour cette deuxième partie de saison. En 8ème le Barça a de nouveau tiré le Chelsea de Mourinho, qui est l’équipe la plus riche de l’époque (et sans FPF), c’est un véritable pallier pour l’équipe de Rijkaard. Le match aller au Bridge se déroulera sur une pelouse ignoble, pour empêcher le Barça de developper son jeu, Mourinho a eu recours à une des choses les plus primaires, faire de l’anti-jeu, Chelsea va détérioré volontairement sa pelouse pour ce choc, même si le club nie ce procédé, la comparaison de la pelouse sur ce match avec les autres matchs de la saison est sans appel !!
C’est donc sur un champ de patate que se déroulera ce choc européen, avec un Leo Messi titulaire qui va montrer au monde entier, l’étendu de son talent. Sur le terrain, le grand Chelsea de Mourinho n’existe pas, complètement surpassé par le Barça de Rijkaard. Leo Messi est à deux doigts d’ouvrir le score et touche du bois… malgré le traitement très musclé qui lui est réservé par l’arrière garde londonienne… Del Horno se verra infligé un rouge après un attentat sur Leo.
22-2-2006. Chelsea 1-2 Barcelona. Primera exhibición de Leo Messi (con 18 años) a pesar de los intentos del equipo de Mourinho de pararle a base de patadas. Sólo le faltó el gol. pic.twitter.com/EntMJ3eAYo
— Enfermo de Messi (@HombrePerroD10S) November 17, 2018
Contre le cours du jeu, Chelsea ouvrira le score, sur un CSC de Motta, il semble alors à ce moment, que l’histoire va se répéter, que malgré un match complètement maitrisé, le Barça va encore perdre au Bridge… C’est sans compter sur le coaching exceptionnel de Rijkaard, à peine 5 minutes après le CSC, il sort Motta, affecté par ce but, pour le remplacer par… Larsson ! Rijkaard va mettre en place une variante qu’il aime utiliser en fin de match et qui lui permet de placer Ronnie au cœur du jeu ! (Larsson en pointe et Eto’o sur le coté). La domination en fin de match est total, même sur ce terrain boueux, le Barça propose un jeu de qualité et fini par logiquement l’emporter. Chelsea est assommé, Mourinho impuissant, ne pourra que pleurer sur l’arbitrage après le match. Le match retour sera également entièrement maitrisé par le Barça, un Ronnie extra-ordinaire, injouable, va jouer le chef d’orchestre et donner le tempo de cette équipe ! Il signera également, encore une fois, un but exceptionnel contre cette équipe. Le Barça est qualifié, en éliminant un des plus gros morceaux de cette C1, mais le Barça a perdu Leo Messi sur blessure, nouveau coup dur pour Rijkaard !
Le quart de finale sera logiquement remporté, malgré un match aller ou le Benfica bouge le Barça, le match retour sera parfaitement géré et le Barça fil en demi finale contre… le Milan AC d’Ancelotti !!
Une demi de Légende
Le chemin vers la finale, doit donc passer par San Siro, une équipe qui a gagné la C1 en 2003 et finaliste en 2005, un effectif habitué à ce niveau de compétition. Coté Barça, le traumatisme est là, en 2000 et 2002 le Barça a atteint les demis, éliminé à chaque fois, par Valence et le Real Madrid. De plus, le spectre du 4-0 infligé par Milan à la dream Team de Cruijff en 1994 est toujours présent.
Carles Puyol, capitaine déclarait avant le match :
« Très sincèrement, il sera difficile d’atteindre une autre finale… Plus vous vous rapprochez de ce match capital, plus il paraît s’éloigner…
Milan a disputé bien plus de rencontres que nous à ce niveau, Il a plus d’expérience mais nous avons une grande foi en nous-mêmes. L’essentiel est de rester concentré jusqu’à la dernière minute et de ne pas perdre. Le Milan est une équipe impitoyable quand il s’agit de convertir ses occasions, alors nous ne pouvons pas nous permettre la moindre erreur.«
En effet le Milan était bien plus expérimenté, mais plus âgé également, une moyenne d’âge de 31,7 ans, contre 28 ans pour le Barça. Mais le Barça va jouer ce match, sans Xavi et Messi (blessés), mais aussi sans son maitre à jouer Deco, suspendu… Toute la responsabilité offensive pèse désormais sur les épaules de Ronnie, et le brésiliens va sortir ce qui est probablement le meilleur match de sa carrière et une des meilleurs perfs en C1 toute époque confondue, la planète foot est en émoi ! Le Barça s’imposera 1-0 avec un but de Giuly, sur une merveille de passe de R10 et prend donc une sérieuse option pour la finale. Comme en 8ème contre Chelsea, le Barça fait un match sérieux au retour et empêche le retour du Milan. Le jeune Iniesta joue l’intégralité des deux rencontres et est très précieux dans le jeu.
Souvenez-vous
Quand Ronaldinho faisait passer les défenseurs de l'AC Milan pour des enfants. pic.twitter.com/mxKpcbDG0z
— La Beauté Du Football (@LBDFootball) March 3, 2017
Saint Denis – Stade de France – 17 mai 2006
Nous sommes un mercredi soir, 12 ans après l’humiliation d’Athènes, le Barça retrouve la finale de la prestigieuse coupe européenne, comme il y a 12 ans, le Barça est arrivé là en développant un jeu flamboyant et en dominant de long en large toute la saison! Comme il y a 12 ans, ce dernier match peut anéantir tout le travail d’une saison formidable et installer l’amertume chez les Culés!
Dans l’effectif, Xavi est de retour, mais il n’a aucun rythme et ne peut pas jouer, Messi est toujours blessé… Pour son onze de départ, Rijkaard choisit Van Bommel au profit d’Iniesta, il mise sur l’expérience, et Oleguer au profit de Belletti. Cela démontre que Rijkaard a probablement en tête la façon dont le Milan a plié le Barça en une mi-temps en 1994, l’armada offensive d’Arsenal est capable de faire pareil et faire mal au Barça avec très peu de ballons. Le Barça prend rapidement le match à son compte, une magnifique passe en profondeur de Ronnie trouve Eto’o dans le dos de la défense, fauché par Lehmann, Giuly récupère le ballon et marque dans le but vide, mais l’arbitre s’est précipité à siffler la faute sur Eto’o au lieu de laisser l’avantage, terrible pour le Barça. Au lieu de mener un 1-0, l’équipe de Rijkaard se retrouve à 0-0 avec un coup franc, Lehmann est logiquement exclu.
Contre le cour du jeu, et sur un coup franc inexistant, Arsenal va ouvrir le score avec une tête de Campbell, le Barça à la tête sous l’eau… Dès la mi-temps, Rijkaard réagit et envoi Iniesta sur le terrain à la place d’Edmilson, la présence du jeune Andres va amener beaucoup de maitrise sur le ballon. A l’heure de jeu, Rijkaard joue sa carte fétiche, il fait rentrer Larsson à la place de Van Bommel, Larsson va se placer en pointe, Eto’o à gauche, Giuly à droite, Ronnie en 10 avec Deco et Iniesta à ses cotés.. Le Barça pousse pour l’égaliser, et laisse forcément des espaces, Henry, esseulé sur le front de l’attaque des Gunners tente à plusieurs reprise de se créer des occasions sur les contres, et il finira par obtenir le ballon du 2-0 au bout du pied, mais comme il le dira lui même après le match, il était cramé à ce moment là, à force répéter les efforts pour tenir tête au jeu du Barça, Valdes bloquera sa frappe sans difficulté
Le reste appartient à l’histoire, et comme un clin d’œil, tout les changements de Rijkaard vont être payant… Belletti entre en jeu à la place d’Oleguer. 76ème minute : Eto’o placé en ailier gauche, reçoit le ballon, il revient vers l’intérieur et trouve Andres Iniesta, Eto’o donne la balle et se lance dans le dos de la défense, Iniesta trouve une passe qui brise les lignes à destination de Larsson, le Suédois remet à une touche dans la course d’Eto’o (qui est probablement hors jeux de quelques centimètres), Monsieur Samuel Eto’o égalise et remet le Barça dans le droit chemin, Arsenal et à bout de souffle, abattu, et à la merci de son bourreaux du soir… 5 minutes plus tard, Belletti lance Larsson dans l’espace, qui joue dos au but, en pivot, et remet le ballon dans la course de Belletti qui a suivi, personne au centre, Belletti choisit la frappe, ça passe entre les jambes du gardien qui la dévie dans son but… le Barça est au firmament
📅 Tal día como hoy en 2006…
💥 Eto’o 💥
✨ Belletti ✨
🏆 París 🏆🔵🔴 (🎥 @ChampionsLeague) pic.twitter.com/11lOKc6AmU
— Sp_ | FC Barcelona (@Sp_FCBarcelona) May 17, 2019
La consécration est totale, Liga, Champions League, un football comme en rêvait Cruijff ou Michels avant lui, une équipe qui joue au ballon, avec un effectif composé de stars mondiales et de joueurs formés au club (Puyol, Valdes, Xavi, Iniesta, Messi, Oleguer), le 3-4-3 des années 90s a laissé sa place au 4-3-3 de Rijkaard, bien plus adapté au football moderne,
le Barça entre dans une autre dimension…