El Toro – Lautaro Martinez au Barça
Autant vous dire que seule la dernière partie se concentre précisément sur Lautaro Martinez au Barça. On ponctuera l’ensemble du raisonnement pour en rappeler sa finalité mais il est important de comprendre que cet article vise à inscrire la nécessité qu’est El Toro dans un contexte, un cadre très précis, à savoir celui d’un Barça ou Suarez est indéboulonnable peu importe son niveau de performance. C’est de ce point que découle les deux premières parties, à savoir que le Barça se repose sur Suarez et Vidal comme avant-centres.
I / L’état du marché conditionnant l’arrivée de Lautaro Martinez au Barça
A. Des ailiers fuyants préoccupés par d’autres club
Les noms évoqués étaient nombreux mais en se limitant aux pistes sérieuses, nous avions : Leroy Sané (Manchester City), Sancho (Dortmund), Werner (RBL) suivi pour certains depuis plusieurs années par le club. On s’attardera sur leur cas dans d’autres travaux du blog mais en l’espèce, force est de constater que ces joueurs là ont des intérêts qui les éloignent de notre club. Et ce indépendamment des salaires (Werner 15m à Chelsea) et des incertitudes physiques ou liées à l’adaptabilité du joueur à une culture hispanique qui est trop éloignée de leur zone d’évolution actuelle.
Il s’agit avant tout d’affinité. On a tendance à l’oublier mais le marché actuel nous le rappelle. Les joueurs ont des envies, des volontés, des ambitions qui conditionnent évidemment leur niveau de jeu et leur capacité à s’adapter. C’est ainsi qu’un Werner a préféré logiquement se diriger vers Chelsea, après avoir mis 4 ans à s’imposer au plus haut niveau à travers son club du RB Leipzig, alors que Liverpool semblait lui faire la cour. Il a préféré d’une part un challenge à sa hauteur et d’autre part prendre un cadre en bonne voie de reconstruction où il aurait un rôle taillé sur mesure. Là où à Liverpool, il aurait dû évincer du 11 Mo Salah, Sadio Mané ou Firminho… Autant dire qu’il aurait évincé le banc, tout au plus.
B. Une confusion latente entre ailiers et présence sur les ailes
C’est une clé de raisonnement plutôt compréhensible mais on a tendance à penser qu’un joueur capable d’évoluer sur l’aile, avec donc deux compétences essentielles à savoir l’explosivité et l’élimination dans le duel en un contre un est un ailier. Ajouté à cela, plus implicite mais une vision de jeu efficiente et une qualité de passe pour la mettre en œuvre, tout cela conduisant souvent à un profil : Celui d’ailier.
A cela près qu’en réalité, des joueurs comme Kimmich, Lucas Hernandez, Alexander Arnold, Ben Chilwells, Semedo, David Alaba, Joao Cancelo, Alphonso Davies ont visiblement ces qualités là. Autant vous dire que ce ne sont pas des ailiers mais qu’ils ont des aptitudes à la création hors du commun, avec l’aspect anticipation et défensif tout aussi développé pour bon nombre d’entre eux. D’autant plus que ces qualités coïncident souvent avec une aptitude innée aux mouvements intelligents. Ils savent quand monter, où monter, quand rester bas pour prévoir le contre.
Tout ce paragraphe pour rappeler que oui, avoir une présence sur les ailes n’est pas synonyme unique d’ailiers complets. A titre d’exemple, dans un système comme celui de Liverpool qui a pourtant deux des meilleurs ailiers en activité de ces dernières années. Ils sont dans l’axe ou dans le demi-espace avec deux latéraux qui occupent les couloirs avec une qualité de centre et un jeu direct pleine surface, il est vrai. Raison pour laquelle j’ai également pris quelques images des positions moyennes des joueurs Manchester City.
C. Les ailiers postes de précocité par excellence
Avant même d’évoquer les ailiers que nous avons déjà, parce qu’ils sont nombreux contrairement à ceux que l’on veut nous faire croire, on doit évoquer les spécificités conjoncturelles aux postes d’ailiers et de 9.
Le cas d’Ansu Fati (toute proportion gardée) n’est pas si unique. Qu’un jeune explose à ce point-là, à un si haut niveau est rare mais qu’un ailier jeune explose, l’est beaucoup moins. Au contraire, on a tendance à être beaucoup plus surpris lorsque des défenseurs centraux, des gardiens ou… Des 9, se révèlent à un très jeune âge. Récemment, on a vu le phénomène Haland qui a justement fait parlé de lui pour cette raison. On voit très vite quand un joueur a une finition hors du communs et c’est rare. Les exemples sont bien nombreux, on a eu Nicolas Pepe en L1 mais lorsque l’on prend justement les cibles du Barça : Sancho, Sané, Neymar (23ans quand il a explosé chez nous), tous ses joueurs là se sont révélés aux yeux du monde à un très jeune âge.
Tout simplement car c’est probablement le poste où les jeunes les plus talentueux techniquement dans le duel, qui aime le dribble et les un contre un, n’ont que très peu de peine à s’exprimer au plus haut niveau et les changer de niveau de championnat n’influencent pas la qualité de leur jeu.
On peut parler de joueurs « plus vieux » comme Adama Traore 24ans qui commence à offrir un profil unique bien qu’encore un peu irrégulier. On peut noter, évidemment depuis quelques années les français Coman, M’bappe et Dembele tous les trois ayant explosés proche de, voir avant leur, 20ans. Enfin, le vivier à ce poste là ne semble pas tarir et l’on ne parle ici que des joueurs les plus côtés puisqu’en liga nous connaissons évidemment Pau Torres et Oryzabal qui font parler d’eux depuis quelques temps.
J’oubliais même Gnabry en feu il y a quelques temps à peine. La conclusion est claire. Des ailiers nous en auront à l’appel, chez nous, comme ailleurs, de profils variés et diverses et ce d’autant plus dans un Football qui tend à favoriser de plus en plus cette explosivité. Les occasions seront multiples dans les années à venir, si jamais tous les jeunes de notre centre de formation venaient à ne pas performer.
II/ Lautaro au Martinez au Barça avec les ailiers de la Masia
A. Vivier et application réelle du « faire jouer les masian »
La vraie problématique de notre club actuellement (outre la direction) se trouve dans un socle de joueur dépassé physiquement et mentalement. Dans un rejet du risque, un excès de prudence qui conduit à ne pas user de bons nombres de jeunes depuis des années, qui n’attendent que les occasions de prouver.
Si aucun extrême n’est bon à défendre et si on ne peut bien évidemment pas débuter un match à enjeu avec 10 joueurs de champ tout juste sorti de la Masia. On ne peut pas sans cesse brandir la carte des résultats courts-termistes, de la nécessité d’expérience dans le onze de départ. Il faut incorporer les jeunes, il faut donner à ceux qui ont montré de grandes prestations, de grandes aptitudes, l’occasion de s’exprimer à des postes où l’on a particulièrement besoin de trouver des solutions.
Oui, nous allons y venir, à cette fameuse question de l’ailier mais pas encore. Car si l’on s’attarde à la liste de joueurs potentiellement qualifiés pour jouer ailier dans notre jeune avant-garde, nous avons : Dembele, Ansu, Trincao, Collado, Pedri. A un poste où l’on est dans le besoin, nous avons un vivier de jeune faramineux pour actuellement un seul poste. Tout au plus deux, si comme le souhaitent certains d’entre nous, nous passions dans un système avec Messi en faux 9.
B. Précocité des ailiers à utiliser et mettre en oeuvre
C’est là que le raisonnement commence à se dessiner très clairement. S’il y a un poste où l’on doit bien suivre cette philosophie de club, c’est celui d’ailier où les joueurs s’expriment très rapidement au plus haut niveau, c’est bien pour l’ailier.
Ce que beaucoup, ont déjà acquis pour le poste de relayeur structurel à notre club. Là où l’on forme plus et mieux que personne au monde, pour notre jeu : C’est bien au milieu et sur les profils de joueurs capables d’évoluer sur les ailes. Au milieu, presque personne ne semble s’opposer à ce qu’on lance nos masian, d’autant plus maintenant que l’on voit par la triste situation d’Arthur, l’importance de la formation à la Masia.
Et pourtant, quand il s’agit d’ailier, on perd tout ce raisonnement alors même que ce poste est d’autant plus favorable à l’insertion de jeune qui n’ont justement pas l’expérience mais la logique tactique et la fouge technique. (Je ne vous cite pas Alves, Pedro, Villa, Henry, Eto’o qui ont réappris des codes du football ici même. )
Pour calmer tout l’extrémisme habituel (de Twitter notamment), il ne s’agit évidemment pas de lancer un système en faux 9 avec Fati / Collado ou Trincao sur les ailes, en demi-final de CL dès cet été. Calma. Il s’agit d’incorporer peu à peu des joueurs qui bénéficient d’un héritage tactique unique, d’une avance dans la compréhension du jeu à installer et de les associer à des joueurs plus vieux, expérimentés et physiquement en état de jouer.
Si les ailiers sont bien, un, voir le poste où l’on forme le plus et le mieux actuellement et à court termes, ce n’est pas le cas de celui d’avant-centre et/ou buteur. C’est ce qui explique tout ce qui nous conduit à une troisième partie pour affirmer en quoi Lautaro Martinez au Barça s’avère être un pari parfaitement sensé.
III/ El Toro, solo en mundo
Je ne vais pas vous faire de dessin. Il est sud-américain, il est argentin, il est titulaire aux côtés de Lionel Messi en séléction, il est le seul joueur aussi jeune à s’être imposé dans une Argentine en pleine crise interne. Autant vous dire que Lautaro Martinez, en arrivant au Barça il ne sera pas perdu. Un court thread déconstruisant une action d’El Toro :
Demain, j'aimerais vous poser pas mal de questions, via sondage majoritairement. Ce sera tout au long de la journée, à propos de Lautaro Martinez afin de sonder vos opinions, avis, raisonnements constructifs à son sujet.
Ici, sur la vidéo à 0:24 ~ https://t.co/0lctPvBw2t
— Baron (@BaronDesOmbres) June 22, 2020
A. Lautaro Martinez au Barça pour clôturer le passé
L’image parle d’elle-même et l’équation est simple. Le raisonnement précédemment décliné, découle sur le rappel des événements passés chez notre ennemi juré l’an passé. Ils ont fait une grave erreur. Non pas celle de se séparer de Cristiano comme les salves médiatiques nous assènent mais celle de ne pas remplacer un buteur régulier de leur effectif. Ils ont naïvement pensé que les jeunes autour, les offensifs et le cadre français rempliraient le trou laissé. Alors que je suis le premier à décrier la grandissante inefficacité de notre Pistolero, je suis persuadé qu’il ne faut absolument pas mésestimer cet apport qu’il soit par le but, la présence dans la surface ou dans ses environs, qu’il ne faut pas réduire l’importance d’avoir un vrai 9 en point de fixation lorsque le rôle de faux 9 est difficilement possible pour un volume de jeu aussi réduit que celui du Messi, qui vient de fêter ses 33ans. Je ne suis pas de ceux qui vous feront croire que « Messi a besoin d’un point de fixation », Messi s’adaptera comme il l’a toujours fait pour produire la meilleure version de son football possible. En revanche, il nous faudra un joueur capable de rediffuser une seconde menace permanente dans la zone de vérité. Quand on parle d’un joueur dont ce n’est pas la qualité première, ou du moins pas la meilleur quand il s’agit de faire des stat’ :
Lautaro Martínez – Inter de Milán
Temporada 2019/20
Partidos: 33
Goles: 17
Asistencias: 4
Posición: Delantero pic.twitter.com/clv0oK5U6z— Analista Barça 📌 (@analistfcb) June 24, 2020
On peut dire qu’il fait néanmoins le travail alors même, on le verra par la suite, qu’il abat un travail de pressing pharaonique paradoxalement à la nature de son poste.
B. Lautaro Martinez au Barça pour assurer le présent
1) Grinta et fort dans le duel
On a très souvent évoqué au Barça un manque de caractère, sans refaire le schéma, l’image d’une tête dans la serviette nous la connaissons tous. Il est bon d’avoir des jeunes rageurs, des jeunes qui ont faim et qui ont cette grinta très. Ce qui se traduit bien souvent dans les actions dont il est le protagoniste mais également dans son style de jeu plus globalement. Un joueur dure sur l’homme mais surtout un point de fixation solide aux abords de la surface et capable même, parfois, de transformer une action ratée en occasion franche alors qu’il est au duel avec le solide Lenglet et va même tromper l’un des meilleurs gardien du monde tout en gagnant son duel physique :
⚫️🔵 Lautaro Martínez's first #UCL goal!#ThrowbackThursday | @Inter_en pic.twitter.com/qwwdPIE10n
— UEFA Champions League (@ChampionsLeague) October 10, 2019
On note également que si sa pointe de vitesse n’est pas grande, son explosivité et son accélération ne laissent pas indifférent. Son profil ne semble pas être celui du débordement que l’on entend nécessaire de toute part et pourtant plein axe, comme en déviant sur les côtés, il peut faire des différences notables. Par une intelligence dans le placement et le déplacement en coordination avec les mouvements de ses coéquipiers sans ballon, mais surtout par un contrôle balle au pied de très haut standing :
https://twitter.com/pureclass10/status/1275016461564751873?s=20
L’évidence, c’est le développement d’une entente argentine qui devra se créer dans le prolongement de celle existante en sélection et se renforcer, avec l’aide d’un mentor en la personne de Suarez dans une osmose sud-américaine qu’on a déjà vu par le passé parfaitement servir l’intérêt du club. Il devra être capable de ménager grandement Suarez le plus rapidement possible étant donné l’état de forme actuel de l’urugayen.
2) Messi compatibilité
S’il y a bien un joueur sur le marché qui semble déjà en symbiose avec Messi, c’est bien El Toro. Qu’il s’agisse de l’aspect purement sportif ou de la question si importante des statuts actuellement. Qui d’autre que Lautaro aurait une entente suffisamment bonne avec Suarez et Messi (même avec Griezmman), une compatibilité de profils et technique déjà avérée avec Messi et un jeu qui semble déjà collé avec bons nombres d’aspect de notre identité footballistique? El Toro coche bien trop de cases avec des certitudes déjà avérées. Là où se point se révèle absolument essentiel, c’est qu’à priori, le joueur à partir duquel il faudra penser le 11 pendant encore quelques années, s’appelle bien Lionel Messi.
C. Lautaro Martinez au Barça pour l’avenir : Un joueur d’axe et de surface
Je ne pouvais pas ne pas vous mettre cette action de pur buteur, dans une position hors norme face à Oblak qui démontre ce pourquoi on parle de lui comme un 9 alors qu’il n’est pas vraiment limité au rôle de pur 9 :
How about this finish from Lautaro Martinez at the 2018 ICC?! 😲@Inter are back in action tomorrow. Will we see him score a goal? 👀 pic.twitter.com/7pJslzu6mp
— International Champions Cup (@IntChampionsCup) June 24, 2020
1) Les qualités techniques d’El Toro :
Les qualités de Lautaro Martinez vont nous offrir une telle polyvalence dans notre ligne offensive… Une polyvalence qui donnera du sens à la possession de contrôle, comme on aime l’appeler, pour quelle puisse insuffler la flamme dans notre jeu :
– Capable de décrocher plein axe
– Explosivité pour jouer sur les ailes
– Instinct de buteur
– Intelligence de jeu qui se traduit dans ses appels
– Volume de jeu appels dans le vide + pressing sans ballon et à la perte
– Élimination par le dribble dans le duel
2) Un joueur polyvalent apportant la présence dans la surface
Cette polyvalence permettrait alors d’évoluer dans un système à deux attaquants avec un 9, avec un semi-neuf et Messi derrière (voir un duo Lautaro – Messi avec un Griezmann qui retrouve son poste préférentiel avec lequel il est devenue champion du Monde) faisant la part belle à nos latéraux qui montent en puissance. Mais également dans une attaque à trois avec un pur ailier et un latéral qui monte haut sur le flanc opposée. Dans les circonstances où l’on doit lancer nos jeunes ailiers de la Masia mais qui ne pourront pas régulièrement être titularisés et faire l’objet de turn over, avoir un joueur avec un tel volume de jeu et déjà habitué aux compétitions dans son registre permettra de les mettre dans les meilleurs dispositions avec un rôle primordial des milieux qui retrouveront leurs responsabilités.
Enfin et c’est tout aussi important, le volume de jeu, tout comme la qualité de pressing du jeune argentin seront absolument précieuses dans un jeu de position qui repose à la fois sur la possession fertile et sur la capacité à récupérer le ballon dès la moindre perte de balle.
Pour terminer, je ne veux pas vous dire par là que Lautaro est le seul et l’unique joueur dont le Barça ait besoin mais j’ai l’intime conviction que le board signera et dépensera son argent d’une manière qui pourrait être bien pire que prévoir la succession de Suarez. Je ne vais pas ressasser les pistes qu’on a vu passer Kurzawa, Bernat, Cavani, Aubameyang récemment, le fameux argent qu’on pourrait réinvestir je ne sais où, vous savez quelle genre de catastrophe il peu produire.
L’expiration de la fameuse clause libératoire de 111 millions d’euros en date du 7 juillet 2020 a été délibérément mise de côté dans cet article, pour bien mettre en évidence la nécessité que constitue ce joueur pour résoudre la problématique qui gravite autour des statuts. Problème que cristallise parfaitement Luis Suarez. Nous n’évoquerons pas même l’amour d’Antonio Conte pour Arturo Vidal qui pourrait enfin trouver une porte de sortie viable.
L’avenir est déjà présent dans notre effectif, il est simplement temps de faire confiance en la Masia, à un 9 près :